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Témoignage d’Isabelle Grandmaître, dirigeante de Metallic, Lançon-Provence :

ISABELLE GRANDMAITRE

« Je m’appelle Isabelle Grandmaître et je suis la dirigeante de l’entreprise Metallic basée à Lançon-Provence. Aujourd’hui, je vous raconte mon parcours ! »

SON PARCOURS :

« J’ai une Maitrise en Sciences de gestion spécialité Marketing. J’ai commencé un DESS à l’IAE, et j’ai effectué un stage en banque à la CEPAC. A l’issue de ce stage, le Directeur d’agence m’a proposé un poste. J’ai donc arrêté mes études pour démarrer dans la vie active.

Finalement, j’y suis restée 25 ans ! Je suis rentrée en tant que Conseiller Financier, et grâce à mon bagage en marketing j’ai eu l’opportunité de travailler 15 ans dans le service marketing, puis j’ai participé à la création du centre de professionnalisation de la CEPAC, toute nouvelle entité permettant de former les nouveaux entrants avant qu’ils rejoignent une agence. J’ai aussi fait de l’animation commerciale, et j’ai été chargée du marché des jeunes. Ensuite j’ai eu envie de changement, et j’ai été Property Manager, c’est-à-dire que je gérais le parc immobilier de la CEPAC (achats de locaux, prises de bail, restitutions…). »

LA CREATION DE METALLIC :

« Au bout de 25 ans, et arrivée à la quarantaine, je me suis demandé quoi faire. On avait le projet avec Gaël, mon mari, de monter quelque chose ensemble mais nous repoussions depuis des années, et c’est à ce moment là qu’on s’est dit qu’il était temps d’y aller.

Il a donc monté une société en 2020 (en plein Covid) tandis que je gardais mon emploi par sécurité, puis au bout de 4 mois, l’activité étant bien lancée, il a fallu que je le rejoigne pour le soutenir.

Metallic, notre société, est spécialisée dans le pliage de tôles, on plie essentiellement pour le marché du bâtiment, avec de l’habillage de bâtiments industriels, ou encore des pièces d’étanchéité. Concrètement, on part de tôles plates qu’on achète chez des fournisseurs spécialisés, et on les passe dans nos machines qui sont des cisailles, des presses plieuses pour faire des angles et donner à la pièce la forme voulue et lui donner une utilité. »

LA DECOUVERTE D’UNE NOUVELLE ACTIVITE :

« Le passage entre le monde de la banque et l’industrie n’a pas été simple pour moi, l’industrie étant un univers assez masculin, dans lequel être une femme veut dire que tu dois faire deux fois plus tes preuves pour montrer que tu sais aussi bien qu’un homme.

Au début, nous n’étions que deux, il a donc fallu que je plie avec Gaël sur les machines, mais c’était aussi un choix de ma part que d’aller découvrir le métier et de voir comment ça se passait. Je savais que l’étape d’après était de prendre toute la partie administrative et commerciale, il était donc essentiel que je sache exactement de quoi je parle. Ce fut un vrai défi, mais c’est là que j’ai vraiment vu ce dont j’étais capable !

En effet, la CEPAC avait été mon seul employeur et je pensais ne savoir faire que ça, et puis je me suis rendu compte que je pouvais faire pleins de choses, avec une bonne dose d’énergie et de force physique.

A l’arrivée de notre 1er employé, j’ai pu enfin me dégager du temps et me consacrer à la partie commerciale, achats, administrative, livraisons, même si je retourne plier quand il faut, parce que j’aime bien ça finalement ! »

L’ORGANISATION AU CŒUR DE L’ENTREPRISE : 

« Quand tu es patron d’une TPE, il faut savoir tout faire. C’est certainement ce qui pêche chez certains artisans. Mon expérience en gestion m’a permis d’apporter une structuration à l’entreprise en termes de process, de suivi administratif, de comptabilité, ce qui donne une vision claire, absolument nécessaire pour anticiper et mener à bien son activité. Malheureusement, les chefs de petite entreprise n’ont pas toujours de temps à consacrer pour cela ! Personnellement, je suis une convaincue de l’organisation : je pense que cela permet de se libérer de la charge mentale, et de pouvoir penser à tout ! Par exemple, quand une convention collective évolue, si je ne la lis par pour voir les conséquences sur notre activité, personne ne va le faire ! Il est certain qu’on peut embaucher un avocat, un expert-comptable, mais quand on se lance on n’a pas forcément les moyens. C’est pour ça qu’il faut tout faire, et même si c’est dur, c’est super enrichissant.

Fun fact, les personnes qui viennent dans nos locaux voient tout de suite qu’il y a une femme car tout est bien organisé, et qu’on a des plantes !

Cette diversité dans mon travail m’a beaucoup appris, m’a fait grandir et m’a donné confiance en moi, aujourd’hui, je m’impose beaucoup plus et je suis fière de ce que je fais !

Durant mon expérience bancaire, j’avais besoin de beaucoup de reconnaissance de la part de mes supérieurs, aujourd’hui en tant que cheffe d’entreprise je n’attends rien de personne, et c’est en regardant en arrière que je me rends compte du chemin parcouru, et je me dis « ça va, t’as pas été mauvaise ! »

RESEAUTER POUR SE DEVELOPPER :

« On vient d’embaucher un nouveau collaborateur, ce qui va nous permettre de relâcher un peu la pression, c’était notre objectif pour 2024.

En 2025, nous aimerions trouver un nouveau local, ce qui n’est pas facile. Pour cela, je participe aux évènements organisés par les collectivités pour montrer qu’on est là ! Ce lobbying fait partie du jeu, beaucoup plus que ce que je pensais : le réseautage auprès des institutions et décideurs locaux prend du temps mais permet d’exposer notre savoir-faire, de faire savoir que nous sommes compétents dans notre domaine. C’est très important car si on ne fait pas cet effort, on risque d’avoir moins d’opportunités que certains qui sont moins compétents, mais qui se vendent mieux, et de rester seuls dans notre coin à travailler jour et nuit, sans que personne ne le voit.

Initiative Pays Salonais à été la première structure à nous aider car nous avons bénéficié d’un prêt d’honneur à la création en 2020. De plus, le Crédit Agricole était dans le jury de notre comité d’agrément, c’est eux qui nous ont fait un prêt pour l’achat des machines et qui nous accompagnent au quotidien. A titre professionnel, IPS a été un très bon accompagnateur. Nous avons aussi découvert le réseautage avec les afterworks du Club IPS, ce qui nous a permis de connaître d’autres réseaux par la suite, comme la Fédération des Entrepreneurs du Pays Salonais. On apprécie ces moments de convivialité car c’est bon enfant mais ça reste professionnel, tu peux échanger des cartes de visites et rencontrer des gens mais ce n’est pas une obligation.  Quand on y va, c’est aussi pour se faire plaisir et se détendre ! »

SON CONSEIL :

« Le conseil que je donnerai, c’est qu’il faut oser. J’ai toujours eu peur de faire les choses, et grâce à ce saut dans l’entrepreneuriat j’ose beaucoup plus, et je me rends compte que je suis capable de faire beaucoup de choses, alors il faut se faire confiance, et il faut oser !

Là où je me suis le plus surprise, c’est l’investissement physique, le fait d’avoir passé un an à porter, plier, tirer des tôles. Si on m’avait dit que je le ferai, je ne l’aurai pas cru ! Le fait de travailler pour nous nous pousse à faire les choses à fond, car on n’a pas le choix : on est deux dans le bateau, et on a la santé financière de nos salariés sur les épaules, donc si l’argent ne rentre pas, c’est un très gros problème. Ca génère du stress bien-sûr, mais le sentiment de satisfaction en vaut largement la peine ! Aujourd’hui je sais faire tellement de choses que tout ce qui m’impressionnait ne me fait plus peur. »

 

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